c est quoi l amour en psychanalyse
Lecouple en psychanalyseFusion - Confusion - Défusion. "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les
LaGradiva est sans doute l’exemple le plus séduisant du lien que Freud établit entre archéologie, psychanalyse et amour. C’est en 1906 que Carl Jung conseille à Freud la lecture de la nouvelle de Wilhelm Jensen, La Gradiva, Fantaisie pompéienne. "Ce roman publié en 1903 raconte l’histoire d’un archéologue, Norbert Hanold, qui tombe en adoration devant un bas-relief du musée
1M. Luther, Werke, Weimarer Ausgabe, 453, 2-6 (1519), cité d'après E. Ebeling, Luther. Introduction ; 2 On considérera ici l’apôtre Paul comme figure centrale et paradig-matique. Paul thématise la loi dans le cadre d’une dialectique de la mort et de la vie. Il est le premier sans doute à donner toute son ampleur à une dramatique de la loi, c’est-à-dire une loi qui se trouve
Lapsychanalyse est un procédé d’investigation qui a pour conséquence des effets thérapeutiques permettant une théorisation. La psychanalyse est donc avant tout une manière de faire, un art, une technique, elle relève d’un savoir-faire et non de quelque concept que ce soit, ni d’une théorie préalable. C’est fondamental au sens
Lamour, c'est quand on n'obtient pas tout de suite ce qu'on désire. Alfred Capus Aimer beaucoup, comme c'est aimer peu ! On aime, rien de plus, rien de moins. Guy de Maupassant L’amour, c’est comme l’été Il nous faut un automne pour le regretter. Joe Dassin. Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir
Je Ne Rencontre Personne Sur Les Sites De Rencontre. L’amour est un sentiment complexe. Il peut nous pousser au meilleur comme au pire, mais pour s’épanouir on a tous besoin de créer des liens teintés de sentiments. Que ce soit l’amour de ses parents, celui de son ou sa chérie ou encore celui qu’on se porte à soi-même, l’amour est une composante essentielle de la vie. Le célébrissime Sigmund Freud s’est même amusé à lui donner un petit nom, Eros, divinité de l’amour chez les Grecs. Seulement pour Freud, Eros est indissociable de Thanatos, autre divinité grecque représentant la mort. Pourquoi ce duo de choc ? Parce que l’amour, qui est source de vie et de plaisir, s’accompagne forcément de son opposé qui lui est source de haine et de déplaisir. Aimer est donc une saine activité, qui demande beaucoup d’énergie et qui s’accompagne toujours d’un versant moins joyeux qu’il faut combattre ce sont ces deux versants qui constituent la force vitale de chacun. La première histoire d’amour les parents La première histoire d’amour que connaît chaque être humain est celle qu’il vit avec ses parents. L’attachement des parents à leur enfant, et réciproquement l’attachement de l’enfant à ses parents, est ce qui va permettre à chacun de grandir et de construire les bases de sa vie d’adulte. Ces bases peuvent être plus ou moins solides en fonction de la qualité des premières relations parents/enfants mais ce qui est certain, c’est que tout au long de la vie, on va chercher à retrouver, dans ses relations amoureuses mais aussi amicales, ces premiers ressentis d’amour. C’est comme une quête inconsciente bien-sûr !. Pourquoi aime-t-on ? On vient de dire que tout au long de sa vie on cherche en amour et en amitié, à retrouver les premiers ressentis d’amour de la petite enfance. Or, si on finissait par les trouver, on n’aurait plus de raison » de continuer à vivre pour les chercher. C’est cette recherche sans fin cette quête qui nous pousse à vivre. Dans certaines théories psy, cette quête essaye de combler le manque créé par ce premier ressenti d’amour dont on s’est éloigné en grandissant. Aimer, c’est essayer d’enfin combler ce manque. Mais aimer ça peut être aussi une façon de lutter contre la peur de la solitude, le manque de confiance en soi ou tout simplement pour éprouver un sentiment d’auto satisfaction. Aimer l’autre ou s’aimer soi-même ? Si on continue notre voyage au pays des psy, il apparaît que pour certains d’entre eux, aimer quelqu’un est en fait bien plus égoïste qu’il n’y paraît. En effet, on aimerait plutôt pour s’aimer soi-même et utiliser » l’autre pour satisfaire ses propres besoins de bonheur. Cela viendrait d’un manque d’autonomie et d’une incapacité de satisfaire nos propres besoins amoureux. Chez certains, cette particularité qui d’habitude est normale, peut prendre des proportions importantes et se transformer en amour exclusif de soi. Dans le langage courant on appelle ça le narcissisme. Le narcissisme En langage commun, le narcissisme est l’amour démesuré de soi-même, mais dans un langage un peu plus spécialisé, le narcissisme est un élément essentiel de l’organisation psychique des humains. Ce que l’on veut dire par là, c’est que chacun de nous est narcissique et c’est normal, et même nécessaire. C’est ce qui nous permet de passer de l’amour de soi, quand on est encore enfant, à l’amour de l’autre lors de la vie adulte. Cependant, chez certains le narcissisme peut être fragile et entraîner des troubles complexes. Ce petit cours de psycho express nous permet de mieux comprendre pourquoi l’amour prend autant de place dans notre vie. A cela s’ajoute l’éveil des hormones au moment de la puberté, et voilà que l’amour vient à la rencontre de sa copine la sexualité. A eux deux, ils occupent 95% de vos pensées, non ?
20 mars Histoire de l'amour Du 29 janvier au 23 fevrier, une série de 20 emissions production de Catherine Clémentréalisation de Luc-Jean Reynaud Y aurait-il vraiment une histoire de l'amour ? Ce sentiment brûlant qui vous envahit et vous fait oublier les contraintes... Lire la suite 4 avr. Le jeu de la mourre et du désir Match point De Woody Allen !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ATTENTION Cet article dévoile l'intrigue du film !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! La scène se déroule dans un moderne et luxueux appartement dont les immenses baies vitrées surplombent... Lire la suite 2 avr. Parce que je passe mon temps à essayer de comprendre ça C'est beau hein ?Ce sont des cercles de Villarceau sur un tore. Sinon; il y a ça aussi qui me prend pas mal de temps Alors ça c'est tres beau c'est un type particulier de plan projectif un cross-cap.... Lire la suite 22 nov. Il est certain que je suis venu à la médecine parce que j’avais le soupçon que les relations entre homme et femme jouaient un rôle déterminant dans les symptômes des êtres humains. Cela m’a progressivement poussé vers ceux qui n’y ont pas réussi, puisqu’on... Lire la suite 6 oct. Lettre de Freud à Zweig Semmering - Berggasse 19 - Vienne IXe - 4 sept. 1926 Cher Monsieur, Je souhaiterais presque ne jamais avoir connu personnellement le Dr. St. Zweig et qu’il ne se fût jamais comporté d’une manière si aimable et avec tant d’égards... Lire la suite 5 oct. La grande question de la dialectique de l'amour et du désir est posée - "Si tu me désirais tant, pourquoi ne m'aimais-tu pas? Est-ce que les deux peuvent être séparés ?" Woody allen nous propose sa solution "- Peut-il y avoir de l'amour sans sexe?... Lire la suite 27 sept. Questions aux sciences humaines et à la psychanalyse des philosophes à en passant par Jean-Tristan Richard, Harmattan, 2000 Ce livre s'adresse à tous les êtres humains que l'amour interroge. Il pose d'emblée la question de sa disparition... Lire la suite 21 sept. Jacopo del ZUCCHI 1590, Psiche surprende Amore, Rome, Galerie Borghèse Ps yché et le complexe de castration C’est le titre que Miller a donné à la seizième séance du séminaire VIII [1] . Lacan introduit en effet cette leçon par le récit, lors... Lire la suite
Je remercie les collègues initiateurs de ce cycle sur le transfert[1] de me donner l’occasion de m’expliquer encore de mon rapport à la psychanalyse, rapport qu’on peut qualifier de transfert sinon d’amour. Il me faut aussi remercier notre communauté de travail avec une pensée particulière pour celles avec qui je suis engagé en cartel, car les échanges dans nos différents dispositifs nourrissent aussi bien la question qui m’occupe que le transfert de travail. Préliminaires Il s’agit ici, dans le fil de la question lacanienne, de viser ce point où une psychanalyse serait possible parce qu’il y aurait de l’analyste. L’enjeu est également politique c’est celui de la possibilité d’un lien social vivable, soit de l’amour et du transfert encore possibles. Ceux d’entre nous qui travaillent en institution savent combien on tente d’y régler contractuellement le transfert, et combien les personnes accueillies sont de plus en plus traitées comme des matières premières, ce qui n’est pas sans faire écho à des heures sombres de l’histoire[2]. Heureusement – car je ne voudrai pas vous désespérer tout à fait – on peut compter sur le symptôme pour que ça ne marche pas toujours. Faire le pari du symptôme, n’est-ce pas déjà une voie pour qu’une psychanalyse soit possible ? Introduire la question de l’amour dans le transfert pose celle de leur équivalence qui est une fausse évidence. L’amour ne se réduit pas au transfert qui, s’il ressort de l’amour, passe par la question du savoir avec le sujet qu’on lui suppose. Pensons aussi au transfert dit négatif qui, s’il ne se confond pas avec la haine, ne ressort peut-être pas uniquement de l’amour. Comme nœud inaugural du drame analytique[3] » ne se présente‑t‑il pas comme une négativation de l’amour attestant de la présence du désir ? Passons sur le transfert négatif. La question qui m’occupe ici passe par le transfert dans le sens où il pose le problème du désir de l’analyste, de la position de l’analyste c’est ce qui occupe tout le séminaire de Lacan en 1960-61. Il s’agit donc ici de Psychanalyse, via la question du transfert. Psychanalyse comme ce qui passe par cet amour auquel nous donnons depuis Freud le nom de transfert la cure donc. Psychanalyse, comme ce que nous aimons, comme nom propre. Psychanalyse comme ce nom qui nous rassemble via le transfert de travail. Voilà quelques déclinaisons de ce qu’on peut entendre dans cet Amour de Psychanalyse. J’espère ne pas trop vous perdre dans le trajet que ce titre m’a amené à faire, et dont je tente ici de faire état. Amour de transfert Au commencement de la psychanalyse était l’amour, rappelle Lacan[4] au sujet de ce que Freud nomme transfert. Il y consacre une grande partie de son séminaire sur le transfert en commentant le Banquet de Platon – et y revient souvent dans les séminaires. Son commentaire du Banquet est destiné à nous faire saisir le ressort du transfert en nous montrant un Socrate qui se refuse à entrer lui‑même dans le jeu de l’amour » parce qu’il sait, et que parce qu’il sait – précisément et uniquement – au sujet de l’amour, il n’aime pas.[5] » Le transfert se distingue de l’amour en mettant en jeu le savoir, qui lui est antinomique. En qualifiant cet amour de transfert Freud en fait autre chose qu’une histoire d’amour. Contrairement à Breuer qui prend le large face à cet amour présent dans le réel[6] » Freud va le servir pour s’en servir[7] ». L’engagement de l’analyste Le transfert, s’il est un amour authentique[8] » pour Freud, en est donc une forme particulière puisqu’il s’adresse au savoir[9]. C’est par là que Lacan en fonde la définition dans le rapport au sujet supposé savoir[10]. Il faut y entendre d’abord que le transfert implique le couple analyste‑analysant, et par conséquent, qu’il concerne l’analyste. La distinction introduite après Freud entre transfert et contre‑transfert ne tient pas pour Lacan. Il ne juge pas insignifiante la littérature sur le contre‑transfert, où il repère chez quelques auteurs féminins précise‑t‑il, la question du désir de l’analyste Le terme de contre‑transfert vise en gros la participation de l’analyste. Mais plus essentiel est l’engagement de l’analyste, à propos duquel vous voyez se produire dans ces textes les vacillations les plus extrêmes, depuis la responsabilité cent pour cent jusqu’à la plus complète extraction de l’épingle du jeu[11]. » L’analyste est donc directement concerné pour ne pas dire pris dans cet amour qui s’adresse au savoir qu’on lui suppose, via le désir de l’analyste par quoi il est engagé et engage la partie. Quant au savoir qu’on lui suppose, c’est en somme une aberration puisque c’est plutôt à la fin de la cure que l’analyste pourrait en savoir un bout sur celui qui lui a parlé. Quoique là encore, entre ce que le passant et son analyste peuvent dire de la cure qui a eu lieu, il n’est pas exclu qu’il y ait quelques différences. Si l’analyste est directement concerné par le transfert, il va s’agir dans la cure de savoir par quel ressort il s’y trouve pris et comment il devra y répondre pour la mener à son terme. Qu’il soit concerné tient d’abord et surtout à ce qu’il propose et provoque en s’offrant comme analyste à ceux qui se présentent comme candidats à l’analyse. L’analyste n’est pas sans savoir qu’il ouvre l’enclos du transfert[12] pour y faire entrer celui que la plainte a conduit jusqu’à lui. Cette plainte a vocation à se transmuer en demande en parole, qui en se détachant des besoins fait advenir le désir. Chacun sait que la demande est avant tout demande d’amour, et que c’est donc bien ce qu’on va demander à son analyste être son aimé. Moyennant quoi on se propose comme objet d’amour pour l’analyste. Tout le jeu de l’analyse visera à permettre le passage à l’aimant viser l’éros plus que le bien. La réponse de l’analyste sera déterminante, à l’instar de celle de Freud qui contrairement à Breuer assume d’être, pour reprendre l’expression de Lacan, maître du petit éros[13]. L’analyste n’est pas là pour aimer son analysant et c’est pourquoi il ne répond pas à la demande. Il n’est pas là non plus pour le laisser en plan en lui témoignant la plus grande indifférence. Renvoyer à l’analysant l’entière charge du transfert en retirant son épingle du jeu serait autant criminel qu’absurde puisque s’il y a transfert, c’est surtout du fait de l’offre analytique. Bien sûr, le transfert n’attend pas l’analyste pour apparaître[14] et il déborde parfois en acting out ce transfert sauvage, lorsqu’il se manifeste dans le temps de la cure mérite lui aussi une réponse pour le ramener dans l’enclos[15]. L’analyste cause le transfert en s’offrant comme partenaire à l’analysant. Il n’est pas sans savoir cela, ni sans savoir que le transfert est un qui pro quo pour faire écho au titre de Véronique Sidoit soit qu’il y a a minima erreur sur la personne. C’est la définition du transfert la plus entendue bien qu’elle soit insuffisante. On peut tout de même en tirer la leçon suivante l’analyste, s’il est un maître du petit éros, ne méconnait pas qu’il ne doit pas se confondre avec l’objet d’amour de l’analysant. Il serait fou qu’il s’y croit et s’en satisfasse, et qu’il méconnaisse ce qu’on attend d’un analyste, c’est‑à‑dire une analyse. Une analyse ne consiste pas à capturer le petit éros pour le mettre en cage, mais en le faisant entrer dans l’enclos du transfert pour qu’il y fasse quelques tours, elle doit permettre par le moyen de l’amour l’émergence du désir en tant qu’il constitue le sujet comme manquant et que c’est avec ce manque qu’il peut devenir aimant. La réponse de l’analyste se décale du plan de l’amour auquel elle ne répond pas pour que du désir qui émerge de la demande le sujet puisse rencontrer la béance d’où il se constitue. Disons‑le encore autrement elle doit permettre à l’analysant une sortie de l’infatuation, une possibilité de satisfaction qui passe par l’autre et l’objet là où le repli du narcissisme est une tentation. Capacité d’aimer pour Freud, nouvel amour pour Lacan l’amour est à l’horizon aussi bien qu’à la source et au cœur de la cure, laquelle par son intermédiaire, mobilise le rapport au savoir et notamment celui de l’inconscient. Fermeture et tromperie Qu’on suppose l’analyste savoir, et qu’à ce titre on lui adresse sinon un certain amour du moins une certaine attente, implique de sa part qu’il suppose, lui, un sujet au savoir qui s’élabore dans le dire de l’analysant. Peut-être n’est-il pas inutile, lorsqu’on évoque le sujet supposé savoir, de relever la réversibilité de ce terme car celui qui est supposé savoir au départ de la cure n’est-il pas avant tout l’analysant ? Cette remarque ne doit pas nous faire concevoir l’analyse comme une relation symétrique, en miroir, mais nous permettre d’en questionner le sens. Si la psychanalyse a un sens, ce n’est pas d’instaurer un rapport dissymétrique infini entre l’analysant et l’analyste. L’analyse a un sens si elle met en jeu le savoir inconscient, de l’analysant, qu’il s’agit de faire parler. Il n’a souvent pas attendu l’analyste pour se faire entendre, mais l’enjeu de la cure est de veiller à son ouverture ou son émergence. Car loin d’être la passation de pouvoirs, à l’inconscient, le transfert est au contraire sa fermeture[16] ». Dans cette même leçon de son séminaire, Lacan indique en quoi l’interprétation peut alors prendre sa portée à l’apparition du transfert, comme présence de l’analyste qui fait parler l’inconscient en tant que discours de l’Autre, pour produire son ouverture. Il ne faut donc pas négliger la tromperie inhérente au transfert, laquelle est liée à la dimension de l’amour. Lacan le formule clairement à persuader l’autre qu’il a ce qui peut nous compléter, nous nous assurons de pouvoir continuer à méconnaître précisément ce qui nous manque[17] ». Il ne s’agit pas tant de tromper l’analyste, que de se tromper, et de continuer à ne rien savoir de ce qui cause le désir passion de l’ignorance donc. L’analyste, dans sa réponse à cet amour particulier, vise à permettre à l’analysant de ne pas se maintenir dans la tromperie de l’amour et d’y repérer ce qui le concerne. Pour le dire au risque d’une certaine hâte, c’est l’objet a en tant que c’est ce qui cause son désir. Sachant que cet objet a, si tant est qu’il soit saisissable, ne s’attrape pas si facilement. Sachant aussi que son repérage suppose la traversée des identifications et du fantasme. Ce sera d’ailleurs la tâche et la responsabilité de l’analyste de conduire la cure en veillant à maintenir un écart entre le grand I et le petit a. Ce qui consiste à ne pas confondre le signifiant de l’Idéal du moi − le grand I − qui relève de la logique du signifiant, de l’identification au trait − qui ressort d’une introjection symbolique −, et l’objet cause du désir − le petit a − manque radical situé au champ de l’Autre. L’Idéal du moi, pourrait‑on dire, relève de l’introjection de l’objet, de la manière dont le narcissisme absorbe l’objet, tandis que l’objet a fait trou et pousse vers l’objet et l’autre. La responsabilité de l’analyste dans la conduite de la cure a pour but de conduire le sujet à prendre la mesure de son propre manque rien au champ de l’Autre ne vient répondre – SA – à ma demande d’amour – être son a, son aimé – puisque ce que j’y cherche n’est rien d’autre que ce qui m’y manque – a – et que je crois aimer mais qui n’est que la cause de mon désir. J’entends bien l’équivoque de cette formule et la souligne pour qu’elle ne nous échappe pas le a est à la fois ce qui me manque au champ de l’Autre qui me fait manquant donc désirant, et ce qui me produit comme ce qui peut manquer à l’Autre. C’est par là que s’introduit la question du désir de l’Autre, et donc de l’angoisse qui doit être au rendez‑vous de la cure. Le paradoxe, c’est que cette recherche du a au champ de l’Autre qui fait toute l’aventure de la cure[18] n’est possible qu’à la condition de la dissymétrie, le temps nécessaire à l’analysant, de sa relation à l’analyste. Celui‑ci doit donc supporter, le temps qu’il faudra à son analysant, le semblant dont il se trouve affublé. S’il supporte le semblant de savoir, l’analyste n’est pas sans aucun savoir. Le qui pro quo, là encore, c’est que ce savoir en tant qu’il va opérer dans la cure concerne le désir de l’analyste en tant que tel, ce savoir est sûrement ce dont l’analysant cherche à se tromper, dans l’amour qu’il porte à ce sujet semblant savoir qu’est l’analyste. Savoir sur le manque qui cause le désir, ce savoir est assez improbable sinon intenable, et indicible. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, dit le proverbe à quoi Paul Valery aurait répondu Mieux vaut souvent qu’elle le garde ! » La plus belle fille du monde, à l’issue de sa cure devrait se sentir plus légère de ce qu’elle a, puisque c’est bien ce qu’elle n’a pas qui est à mettre en jeu dans l’amour[19]. Seulement, cette jolie fille pourrait aussi bien là, devant l’imminence de ce savoir intenable, refermer le volet comme dit Lacan. Je ne crois pas déraisonnable de penser comme Freud que la résistance à la psychanalyse trouve ses plus profonds motifs dans ce que la psychanalyse fait émerger. Je ne crois pas déraisonnable non plus de penser qu’au sein même des groupes analytiques se manifeste une résistance à la psychanalyse à l’endroit de ce savoir. L psychanalyse Ce savoir-là, il n’est pas si simple d’en assumer les conséquences une analyse a cet enjeu et parfois cette vertu. Est-ce aussi l’enjeu de la communauté analytique ? Qu’elle ne bouche pas le trou dans le savoir que la cure permet d’apercevoir serait la moindre des choses – qu’elle ne cède pas à la tentation d’une substantification de l’être. Ce savoir intenable est un enjeu pour les groupes analytiques. On sait que certains ont renoncé à la passe, d’autres n’y ont jamais eu recours − ce qui revient au même depuis que la passe existe. Ne faut‑il pas considérer que ce renoncement est une résistance à la psychanalyse ? J’entends par résistance à l’analyse une résistance à tirer les conséquences de l’émergence du désir de l’analyste. Une psychanalyse amputée de sa fin et de l’ouverture supplémentaire de la passe est‑elle bien différente de la psychologie ? Il est évident que nous ne pouvons pas nous mettre tous d’accord sur La psychanalyse, et qu’il faut nous résoudre à l’évidence elle n’existe pas − sauf à regrouper des pratiques hétérogènes et à confondre l’analyste et le psychothérapeute. S’il n’y a pas La psychanalyse, il relève de la responsabilité de l’analyste qu’il puisse y en avoir une. Et puisque Le psychanalyste a aussi un statut précaire, j’ai tendance à penser que cette responsabilité incombe aussi à l’analysant. Il serait fou de confier aux seuls analystes la responsabilité de la psychanalyse, comme le disait notre collègue Sidi Askofaré il y a une vingtaine d’années. On peut y entendre la prise en compte de l’existence de la passe aussi bien qu’une responsabilité qui incombe à l’analysant – mener sa tâche y compris malgré les résistances de l’analyste. Et pourquoi ne pas pousser cette logique jusqu’au candidat à l’analyse ? Il serait facile de dire qu’il ne sait pas ce qu’il demande en disant je veux faire une psychanalyse », et d’engager la partie par l’annulation de son dire, en résistant à l’analyse qu’il souhaite commencer. Il s’agit pour l’analyste qui reçoit une demande d’analyse, de prendre au sérieux dès le premier échange le rapport du candidat analysant à ce nom de Psychanalyse, supposer d’emblée un amour de Psychanalyse qui pourra être mis au service de la cure[20], voire déjà, un rapport symptomatique à Psychanalyse. Barrer le La et écrire L psychanalyse est un premier pas dans ce sens, vers la possibilité d’une psychanalyse. Psychanalyse, P » majuscule Au commencement de la psychanalyse était donc l’amour – de Freud, pourrait‑on dire. Si le nom de Freud faisait venir à lui des candidats à l’analyse, ne faut-il pas considérer que désormais, la donne a changé et que c’est le nom Psychanalyse qui précède celui de l’analyste ? Un baptême profane Qu’est‑ce que le signifiant psychanalyse » dans le discours courant ? Elle est là depuis Freud dans les signifiants disponibles, et permet que certains demandent à faire une psychanalyse. » L’important c’est qu’il y ait alors un analyste pour engager la partie et accueillir le transfert qui l’inaugure, ce que rien ne garantit. Un analyste, est‑ce celui qui permet d’élever ce signifiant à la hauteur qui convient pour qu’une analyse soit possible ? Cette hauteur est‑elle celle du nom propre ? Je pose cette question car avec le signifiant on peut toujours discuter de ce que cela veut dire, du fait du malentendu de la parole. Mais dans le registre du nom propre, il n’y a rien à discuter du fait de son caractère idiotique et intraduisible d’une langue à l’autre ce qui l’exclut du malentendu[21]. Il n’y a rien à redire à celui qui dit je veux faire une psychanalyse » ni à considérer qu’il ne sait pas ce qu’il dit si Psychanalyse est entendu comme nom propre. Il ne le sait pas plus qu’un autre d’ailleurs, du fait de l’inconscient, et il n’y a à ce titre aucune raison de mépriser ce qu’il dit. Mieux vaut l’entendre, peut‑être, comme une déclaration d’amour appuyée à la promesse que recèle ce nom, Psychanalyse, de dissoudre ce qui fait malaise dans la culture, mais aussi et avant tout dans notre existence[22] ». Mais une déclaration d’amour peut‑elle être adressée à Psychanalyse ? Peut‑être que oui, si Psychanalyse est pour celui qui le prononce un nom de l’Autre. Pierre Bruno propose dans La ruelle du désir[23] » de faire de Psychanalyse un nom propre en l’écrivant avec un P » majuscule. J’ai repris dans mon titre cette écriture qui permet de souder ce nom propre au nom propre, donc singulier, de quiconque s’autorise à être psychanalyste. Il n’y a donc pas un ensemble des psychanalystes, pas plus qu’il n’y a La psychanalyse, avec une majuscule cette fois sur l’article défini.[24] ». Psychanalyse n’est pas un surnom, un substitut du nom comme ça pourrait être le cas de psychanalyste. Comme nom propre, il n’assure pas d’existence à La psychanalyse. Il n’y a donc pas la vraie psychanalyse contre la fausse, ni la dévoyée contre la pure. Psychanalyse, comme nom propre, laisse chacun de ceux qui se risquent à la position de psychanalyste seuls à devoir − et pouvoir − répondre de leur rapport à cette marque qu’ils adjoignent à leur nom. Car comme nom propre, Psychanalyse ne dit rien de ce que c’est, ni ne qualifie rien. Ce baptême profane » nous force plutôt à renouveler l’abord que nous pouvons avoir de la Psychanalyse. Chacun d’entre nous a à se tenir pour responsable d’une seule chose, son rapport singulier, voire symptomatique, à Psychanalyse[25] » ce que j’entends ainsi aimer ce nom qui ne relève pas du signifiant, l’aimer en raison de l’affinité, justement, du nom propre à la marque, à la désignation directe du signifiant comme objet[26] ». Comme nom propre, Psychanalyse ne se saisit que dans le rapport symptomatique de chacun à ce nom dans la cure et la passe notamment[27], mais aussi dans le discours courant − où comme nom de l’Autre il pourrait bien ouvrir au symptôme la voie du lien social – analytique. Est-ce à dire que Psychanalyse est tout et n’importe quoi ? Assurément pas, mais ce baptême exclut que Psychanalyse soit la marque distinctive d’un groupe analytique contre les autres. Il nous faut même alors reconnaître que la plus psychologisée des psychanalyses n’est pas sans rapport à ce nom propre. Chacun se trouve ainsi condamné à soutenir son rapport symptomatique à Psychanalyse » et à assumer sans le secours d’aucun groupe ce qu’il fait au nom de Psychanalyse. Ce rapport transcendant les groupes et écoles, implique que Psychanalyse ne peut pas faire école sur une homogénéité doctrinale. Le Pari du transfert – de travail Il est certainement plus judicieux de mettre une majuscule à Psychanalyse qu’à école dans la perspective d’un faire école » – qui comporte toujours le risque de faire foule si on laisse de côté le faire pour ne retenir que l’école. Ce baptême profane met en question le rapport des analystes à la communauté, qu’il faut entendre comme l’ensemble des groupes analytiques. Une question peut retomber sur chacun d’eux qu’est-ce qui les organise ? On sait, pour avoir lu Freud, l’importance qu’il accorde à l’amour dans son sens élargi et à l’identification dans la structure des foules. Dans son article sur la psychologie des foules[28] » – Freud était occupé par la question de formaliser sa société au moment il l’écrivait –, il n’est pas question du transfert, mais on pourrait légitimement l’y attendre. De ce texte, je vous propose de retenir trois points. 1 D’abord, la non-opposition de l’individuel et du collectif, posé par Freud dans son introduction est une thèse que Lacan reprend dans le séminaire sur le transfert[29] ou encore dans la conclusion du temps logique » le collectif n’est rien que le sujet de l’individuel[30]. » Lorsque nous essayons de mettre l’analytique au principe de nos organisations nous prenons au sérieux cette thèse freudienne. Seule l’expérience peut nous dire si nous y parvenons. Ne doit‑on pas en déduire que ce que nous enseigne la cure peut nous orienter dans la formation et le fonctionnement de nos associations ? Si c’est le cas, qu’en est-il du transfert et de son maniement dans nos groupes ? La question peut paraître saugrenue mais l’appropriation de cette thèse par les associations orientées par les enseignements de Lacan me semble la justifier. 2 Ensuite l’amour dans sa conception élargie comme dit Freud − soit la libido sous la forme des pulsions sexuelles − et l’identification sont au principe de la constitution des foules. Leur nouage tourne autour de la dialectique de l’être et de l’avoir. Freud qualifie de régression le passage de l’amour vers l’identification. Cette qualification peut s’appliquer à sa conception de la foule ses membres ont mis un seul et même objet à la place de leur idéal du moi, chacun renonçant ainsi à son propre jugement et ils s’identifient alors les uns aux autres. L’identification horizontale vient compléter l’identification verticale – ou l’amour d’un leader – insuffisante à la constitution en foule. La foule, avec son caractère régressif, n’est probablement pas le lien social que Freud privilégie, notamment pour la communauté analytique. 3 D’où ce dernier point qui me paraît d’une extrême importance l’état amoureux est le seul, nous dit Freud où l’objet [attire] sur lui une partie de la libido narcissique du moi[31]. » Il me semble qu’il nous invite à retenir le choix de l’amour comme voie de sortie de la foule, à condition de spécifier cet amour comme celui qu’une cure rend possible − a minima le transfert. La névrose est une voie moins sûre pour Freud, puisqu’elle partage avec l’hypnose et la formation en foule le caractère de régression narcissique impropre à fonder un lien social allégé du penchant narcissique. Il faut sûrement comprendre que Freud compte sur la cure pour tempérer les névroses de chacun, mais il me semble surtout qu’il exclut la solution de la foule comme celle de l’hypnose − nul besoin de vous rappeler l’aveu de Freud quant à son aversion pour la suggestion dans ce texte − et invite à faire le pari de l’amour que permet la cure. Je m’étonne qu’il n’ait pas poussé les choses jusqu’à introduire ici la question du transfert, à la manière de Lacan qui en 1971 lance cet hapax du transfert de travail[32]. » Lacan en dit peu, et nous laisse alors la charge d’éclairer cette histoire. Nous utilisons souvent cette expression, mais nous expliquons‑nous vraiment sur elle ? Je vous livre la première association que le terme de transfert de travail me suggère. Il nous rappelle tous à notre condition d’analysant, et nous appelle à une certaine tâche. Plus que de psychanalystes, nos associations gagnent à être associations d’analysants − ou mieux de Psychanalyse − pour éviter le plus possible le travers de la confrérie ou de la corporation. Lacan y veillait en mettant le non-analyste au cœur de l’école. Bien sûr, nous n’en sommes pas quittes de la tâche qui nous incombe pour que notre amour de Psychanalyse ne se réduise pas à une passion. Tâche sans fin Lorsque nous nous adressons à une communauté, ce n’est pas au titre d’analyste mais plutôt d’analysant, en nous consacrant en quelque sorte à une tâche analysante infinie[33]. » Cette tâche, hors analyse n’est pas pour autant hors transfert − un transfert de travail. Je cite Lacan L’enseignement de la psychanalyse ne peut se transmettre d’un sujet à l’autre que par les voies d’un transfert de travail. Les séminaires », y compris notre cours des Hautes Études, ne fonderont rien, s’ils ne renvoient à ce transfert. Aucun appareil doctrinal, et notamment le nôtre, si propice qu’il puisse être à la direction du travail, ne peut préjuger des conclusions qui en seront le reste[34]. » Cet autre transfert est ce sur quoi mise Lacan, et il me semble qu’il nous invite à considérer que la doctrine est impropre à anticiper sur ce qu’il permettra de conclure. La formule de Lacan au commencement de la psychanalyse est le transfert » pourrait–elle devenir au fondement du faire école est le transfert ? Si c’est dans le rapport entre l’élaboration de la doctrine et le transfert de travail que la transmission de la psychanalyse serait possible, faut‑il en déduire que le savoir analytique ne vaut rien sans amour ? Lacan reprend ici la préoccupation dont il fait état en 1961 dans son séminaire sur le transfert, à savoir le rapport de chaque membre à la communauté analytique et ses incidences sur la doctrine analytique et la pratique de la cure. Si Lacan fait ce pari, ce n’est pas dans le sens de la fermeture de l’inconscient corrélative à l’émergence du transfert dans la cure. Ce n’est en tout cas pas dans ce sens que je mets l’accent sur ce pari, mais sur le transfert, son destin et son traitement dans nos groupes. Nous savons que nous ne pouvons éviter les effets de transfert dans nos assemblées, et que ces effets peuvent réouvrir la porte des passions amour, haine[35] et ignorance, puisqu’elles sont là d’emblée chez le parlêtre comme composantes primaires du transfert[36] ». Lacan met d’ailleurs l’accent sur l’ignorance corrélée à l’amour et à la haine, comme fondamentale. Certes, on peut attendre d’une analyse qu’elle ait des effets sur les passions de l’être et notamment l’ignorance – passion majeure du parlêtre. N’oublions pas que c’est un état du sujet en tant qu’il parle[37] » et que c’est sur cette modalité que le sujet se présente dans le transfert. L’ignorance, dans le passage à l’analyste change de statut, le savoir de l’analyste devenant le symptôme de son ignorance[38] » qu’il pourra mettre en œuvre de manière formante[39] » pour le sujet dans la cure. Formante, l’ignorance l’est aussi pour l’analyste si on suit Lacan C’est bien là qu’est la passion qui doit donner son sens à toute la formation analytique, comme il est évident à seulement s’ouvrir au fait qu’elle structure sa situation[40] ». Le drame du Grand I et la saloperie du a Pour essayer de conclure, je vous propose que nous posions d’abord que nous sommes tous ignorants – puisque c’est de là que s’origine notre travail analysant. Posons ensuite qu’il n’y a pas de différence entre le transfert et le transfert de travail puisque dans les deux cas il se fonde sur le rapport au sujet supposé savoir. Mais il faut reconnaître une particularité de la cure, dans le sens où le sujet choisi ce un seul[41] » à qui il peut s’adresser comme sujet supposé savoir. L’organisation des psychanalystes, précise d’ailleurs Lacan, indique qui peut le représenter quand elles donnent des titres[42]. On voit donc l’importance qu’il y a à faire des associations de psychanalyse plus que de psychanalystes, pour veiller à ce que l’analyste ne relève pas de l’idéal une association en ce sens, n’a pas à garantir le psychanalyste, ne serait-ce qu’en en publiant une liste. Mais le drame de l’organisation sociale, communautaire, des psychanalystes » tient aussi pour Lacan à la fonction et au prestige de Freud à l’horizon de toute position de l’analyste[43] ». Le nom de Freud, père de la psychanalyse, sûrement idéalisé et pas sans raisons, pèse sur nous. Si l’analyste le met en position d’Idéal du moi, sa tâche sera marquée par l’ombre qu’il s’en fera. Une vertu pourra en être que l’analyste s’impose un certain nombre de restrictions et d’exigences morales, ce qui n’est déjà pas rien. Mais sur un autre versant, cet idéal peut être mis au compte du narcissisme la tâche analytique comme l’organisation sociale d’une société de psychanalyse en seront alors rendues problématiques. Le poids de l’idéal menace toujours la position de l’analyste. Car, Lacan ne cesse de le montrer, ce n’est pas de ce côté qu’il peut opérer y compris si certaines cures s’accrochent à l’analyste comme Idéal du moi. Ce qui opère, c’est le désir de l’analyste, en tant qu’il ne s’en tient pas à déboucher sur le plan des identifications et permet avec la reconnaissance de la pulsion à faire émerger la cause soit l’objet a. Voilà ce que dit Lacan de ce que l’analyste devra faire avec le transfert l’opération et la manœuvre du transfert sont à régler d’une façon qui maintienne la distance entre le point où le sujet se voit aimable, – et cet autre point où le sujet se voit causé comme manque par a, et où a vient boucher la béance que constitue la division inaugurale du sujet[44]. » Cette orientation de la cure a vocation à lui assurer une fin conforme à son but. Comment, dans la communauté analytique, opérer dans ce sens puisque le transfert ne s’y fonde pas de l’adresse à un seul » ? Si le transfert, est bien l’affirmation du lien du désir de l’analyste au désir du patient[45] » – autre manière de dire son actualité plutôt que d’en faire une pure répétition – qu’affirme‑t‑il dans la communauté ? Peut-être le rapport au désir de l’analyste, mais il n’est pas facile d’y appliquer les mêmes méthodes que dans la cure. Quel usage et quel traitement en faire dans une formation collective ? Si la cure consiste à maintenir l’écart entre le grand I et le petit a, peut‑on en tirer leçon pour le transfert de travail ? Il s’agirait de pouvoir mettre en fonction quelque chose de l’ordre du a nécessaire pour s’opposer à la régression narcissique. Mais, mettre l’objet a toujours au cœur de nos liens et nos travaux, qu’est‑ce que cela peut bien vouloir dire ? Je vous rappelle ces mots de Lacan nous disons que nous fondons l’assurance du sujet dans sa rencontre avec la saloperie qui peut le supporter, avec le petit a dont il n’est pas illégitime de dire que sa présence est nécessaire[46]. » Entre la saloperie et l’idéal, entre la jouissance de l’objet et celle du moi, n’avons-nous pas à tenir, via le transfert comme amour pris dans le rapport au savoir, une voie qui permette de nommer quelque chose Psychanalyse ? Ne devrait-on pas entendre ce passage au nom propre de Psychanalyse, comme ce qui nommant le principe d’un trou dans le savoir permet d’en faire le symptôme de l’ignorance ? Si Psychanalyse comme nom propre a retenu mon attention, c’est en ce sens qu’il pourrait limiter pour chaque groupe analytique, et par conséquent pour chaque analyste, le glissement possible vers l’infatuation, le narcissisme, soit une fonction parente de l’objet a − qui lui, reste indicible. Il supplémenterait les groupes et les psychanalystes, les interprétant comme pas tout, et laisserait ainsi sa chance à l’amour, de Psychanalyse. Mais ce baptême profane est‑il un acquis ou bien toujours à refaire, par chacun d’entre nous, dans sa pratique comme dans ses engagements associatifs ? Il me semble que chacun peut y prendre sa part, mais reste à savoir comment. Peut‑être en œuvrant pour que l’attache à Psychanalyse, – qu’on pourrait écrire a‑tâche ou Amour de Psychanalyse – vise un travail et ses fins plus que la constitution d’un groupe comme fin – ce qui pourrait être la définition de la foule ? Entendons bien que cette question qui évoque le cartel et les petits groupes de Bion – donc la dissolution – se pose aussi pour la cure. Plus que de résolution, ne devrait‑on pas alors parler de dissolution du transfert ? Chacun ainsi renvoyé à sa solitude se trouverait-il engagé par son Amour de Psychanalyse dans un travail dont la vocation serait autre que de le préserver de l’intranquillité ? Rémi Brassié, Paris le 16 novembre 2019 notes [1] Pierre Bruno, Sylvianne Cordonnier, Véronique Sidoit et Laure Thibaudeau ont accepté de coordonner les rencontres du Pari de Lacan à Paris, sur ce thème pour l’année 2019-2020. [2] Ces questions font l’objet du travail que nous menons à Toulouse dans le collectif psychanalyse et politique. [3] Jacques Lacan, L’agressivité en psychanalyse », Écrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 107. [4] Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, Paris, Seuil, le Champ Freudien 2004, p. 12 comme dans la Proposition d’octobre 1967 » in Ecrits, Paris, Seuil, Le Champ Freudien,1966, où il formule qu’au commencement est le transfert. [5] Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, op. cité, p. 183-184. [6] Jacques Lacan Le séminaire Livre X L’angoisse, Paris, Seuil, le Champ Freudien 2004, p. 128. [7] Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, op. cité, p. 18. Notons aussi […] vous ne devez d’aucune façon, ni préconçue, ni permanente, poser comme premier terme de la fin de votre action, le bien, prétendu ou pas, de votre patient, mais précisément son éros. » [8] Sigmund Freud, Remarques sur l’amour de transfert », dans La Technique psychanalytique, Paris, PUF, coll. Quadrige », 2007, p. 153. [9] Cf. Jacques Lacan, Introduction à l’édition allemande des Écrits » 1973, dans Autres écrits, op. cité. [10] Jacques Lacan Le séminaire Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cité, p. 220‑221, mais aussi, Première version de la proposition du 9 octobre 1967 » in Autres écrits, op. cité, p. 578 Le transfert, je le martèle depuis déjà quelque temps, ne se conçoit qu’à partir du terme du sujet supposé savoir. » ou du même ouvrage. [11] Jacques Lacan, Le séminaire Livre X L’angoisse, op. cité, p. 175. [12] Idem, p. 148. Lacan y présente l’acting out comme amorce du transfert, transfert sauvage, la question étant de faire entrer l’éléphant sauvage dans l’enclos ». [13] Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, op. cité, p. 17. [14] Voir par exemple Sigmund Freud, Sur la psychologie du lycéen », in Résultats, Idées, Problèmes, tome I, PUF, Bibliothèque de psychanalyse », Paris, 1984. [15] Voir note 12. [16] Jacques Lacan Le séminaire Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse op. cité, p. 119. Lorsqu’il est à ciel ouvert, on est dans un autre ordre de difficultés. [17] Idem, p. 121. [18] Jacques Lacan, Le Séminaire Livre X ; L’angoisse, op. cité, p. 390. [19] Voir par exemple Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, op. cité, [20] C’est l’idée de Pierre Bruno dans Aucun commencement » in Psychanalyse YETU n°41. [21] Je vous renvoie à la leçon du 20 décembre 1961 et aux suivantes du séminaire sur l’identification de Lacan. Ainsi qu’à Lacan, Autres écrits, op. cité, p. 248 On reconnaît à la première ligne le signifiant S du transfert, c’est‑à‑dire d’un sujet, avec son implication d’un signifiant que nous dirons quelconque, c’est-à-dire qui ne suppose que la particularité au sens d’Aristote toujours bien venu, qui de ce fait suppose encore d’autres choses. S’il est nommable d’un nom propre, ce n’est pas qu’il se distingue par le savoir, comme nous allons le voir. » [22] Pierre Bruno, Du désir » in Psychanalyse YETU n°43, Erès, Toulouse, 2019. [23] Idem. [24] Idem, p. 70. [25] Pierre Bruno, Du désir » in Psychanalyse YETU n°43, Erès, Toulouse, 2019. [26] Cf. la leçon du 20 décembre 1961 du séminaire sur l’identification de Lacan. p. 86 de la version ALI [27] Est‑ce que l’enjeu de la nomination dans la passe ne concerne pas ce nom propre‑là ? Je me contente de mentionner la question, qui nous ferait digresser. [28] Jacques Lacan, Le séminaire Livre VIII Le transfert, op. cité, p. 386. [29] Idem, p. 457. [30] Jacques Lacan, Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée » in écrits, op. cité, p. 213. [31] Sigmund Freud, Psychologie des foules et analyse du moi » 1921 in Essais de psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1981, p. 216. [32] Jacques Lacan, Acte de fondation 21 juin 1964 » in Autres écrits, op. cité, la citation figure dans la note adjointe le 28 février 1971. Je ne l’ai retrouvé nulle part ailleurs, mais vous me signalerez peut‑être d’autres références. [33] Comme j’ai pu le relever dans ma lecture du numéro 42 de la revue Psychanalyse YETU. L’attache » était le titre de mon intervention pour Les lecteurs du dimanche, organisés par Le Pari de Lacan le 16 décembre 2018 à Paris. Cette tâche infinie renvoie bien sûr à la tâche sans fins » de Freud dans L’analyse avec fin et l’analyse sans fin » 1937, in Résultats, idées, problèmes tome II 19211938, PUF, Paris, 1985., p. 265. [34] Jacques Lacan, Acte de fondation 21 juin 1964 » in Autres écrits, op. cité, la citation figure dans la note adjointe le 28 février 1971. [35] Dont Véronique Sidoit nous a parlé le 12 octobre 2019 pour l’ouverture des travaux sur le transfert, sous le titre Qui pro quo et malentendus » [36] Jacques Lacan, Le séminaire, Livre I, Les écrits techniques de Freud, Paris, Seuil, 1975, p. 298. [37] Idem, p. 189. [38] Jacques Lacan, Variantes de la cure type » in Ecrits, op. cité, p. 358. [39] Jacques Lacan, Le séminaire, Livre I, Les écrits techniques de Freud, op. cité, p. 306. [40] Idem. [41] Jacques Lacan Le séminaire Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cité, p. 211. [42] Idem, p. 210. [43] Idem, p. 211. [44] Idem, p. 248. [45] Idem, p. 229. [46] Idem, p. 232.
L’hainamoration, une structure moebienne de l’amour et de la haine? Je vais vous entretenir ce soir d’un effet d’après-coup provoqué par un commentaire d’une collègue lors de la première séance du séminaire sur le thème de l’année à Metz, intitulé Entre l’Autre et l’identification il y a la haine [1]». Pour introduire la question de la haine, j’avais travaillé l’identification, identification primordiale, et l’avais articulée à la phase du miroir dont a parlé Lacan. Mon point de départ était d’ouvrir un questionnement sur ce que peut être un autre pour le sujet. Pour ce faire j’ai pris à un certain moment appui sur cette affirmation de Freud, confirmée par Lacan, et que personne n’a, à ma connaissance, jamais remis en question, à savoir que la haine était première, quelle était le premier sentiment. Cette collègue m’a fait remarquer que tout ce que j’avais avancé contredisait l’antériorité de la haine sur l’amour. Il m’est finalement apparu que cela était somme toute parfaitement logique si on soutient qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non pas une opposition entre les deux pulsions de vie et de mort. En effet, si on n’oppose pas la pulsion de vie à la pulsion de mort, est-il possible d’opposer l’amour à la haine? La proposition faite d’une forme de continuité entre pulsion de vie et pulsion de mort comme une structure moebienne ne peut-elle être pensée pour l’amour et la haine? Cela me semble fondamental, car avancer qu’il n’y a qu’une seule pulsion, va modifier sensiblement l’abord théorique et donc pratique ou clinique de la haine. C’est ce que je vais tenter de développer. Pour Freud, il est clair que l’amour et la haine sont en continuité directe avec la pulsion de vie et la pulsion de mort. En effet, Freud écrit dans une note ajoutée en 1923 au texte sur le petit Hans Son opposition de la pulsion de destruction ou pulsion de mort aux pulsions libidinales vient à s’exprimer dans la polarité bien connue de l’aimer et le haïr [2]». Il énonce là, clairement, que l’amour et la haine sont l’expression, la manifestation des pulsions de vie et de mort, et que leur opposition relève de la même structure. Je n’ai trouvé qu’une seule occurrence, où Freud admet une possible remise en question de l’opposition des pulsions, c’est dans Le moi et le ça » où il parle de la transformation de la haine en amour ou de l’amour en haine Si cette transformation est plus qu’une simple succession temporelle, donc un relais [3] ou une résolution , alors évidemment le sol vient à manquer pour une différenciation aussi fondamentale que celle entre pulsions érotiques et de mort, qui présuppose des processus physiologiques aux cours opposés [4]».Ainsi, remettre en cause la haine comme premier sentiment, avant l’amour, apparaît comme une conséquence logique de l’affirmation qu’il n’y a qu’une seule pulsion. Or, dans le texte Psychologie collective et analyse du moi » Freud écrit La psychanalyse voit dans l’identification » la première manifestation d’un attachement affectif à une autre personne [5]». Cela me conduit à tenter de montrer que dans ce mécanisme de l’identification rien ne permet de prouver que la haine est antérieure à l’amour. Il s’agit donc de l’identification primordiale ou comme Freud la nomme dans Deuil et mélancolie [6]» identification narcissique. Pour ce faire, revenons rapidement sur le processus de l’identification qui est le lieu du passage de la pulsion au sentiment et celui où se forme le moi. Cet extrait de Pulsions et destins des pulsions » est de ce point de vue bien éclairant Qu’une pulsion haïsse » un objet, voilà qui paraît bien déconcertant pour nous, si bien que nous en venons à découvrir que les appellations amour et haine ne sont pas utilisables pour les relations des pulsions à leurs objets, mais sont réservés à la relation du moi-total aux objets [7] ». Pour Freud, d’une part l’objet de la pulsion n’est pas celui du moi, et d’autre part il ne peut y avoir de sentiment que dans l’après-coup de la formation du moi, ici il précise du moi-total. Pour continuer à aller vite, la question du moi-total est liée au troisième temps de la pulsion, au nouveau sujet dont Lacan dit que ce n’est pas un nouveau sujet, mais qu’il est nouveau de voir apparaître un sujet [8] ». Pour résumer un peu ceci, disons que l’identification primordiale, qui correspond à la phase du miroir chez Lacan, est ce moment où se forme le moi pour Freud et où le sujet se transforme pour Lacan [9]. C’est là qu’apparaît le premier sentiment décrit comme ambivalent et ce que je préfère plutôt décrire comme encore’ indifférencié. En effet, Freud dit L’identification est d’ailleurs ambivalente dès le début[10]» ce qu’il amène de la façon suivante Elle se comporte comme un produit de la première phase, de la phase orale de l’organisation de la libido, de la phase pendant laquelle on s’incorporait l’objet désiré et apprécié en le mangeant, c’est-à-dire en le supprimant [11]». Il apparaît là que l’amour et la haine sont, et ceci depuis l’origine, intrinsèquement liés, voire même indissociables aimer c’est aussi détruire. Il est ainsi difficile de soutenir que l’amour n’est pas du côté de la pulsion de mort. C’est pourquoi je préfère dire que le sentiment est encore’ indifférencié. Je propose de nommer ce premier sentiment indifférencié » hainamoration, suivant là cette trouvaille de Lacan en 1973 lors du séminaire Encore ». Je ne souhaite pas utiliser le terme d’ambivalence, crée par Bleuler pour deux raisons la première est qu’ambivalence renvoie à deux opposées, voire des contraires, ce qui n’est pas congruent avec l’hypothèse de la structure moebienne. La seconde est que l’utilisation de ce terme dans l’histoire de la psychanalyse, est venue désigner essentiellement la haine, j’y reviendrai plus tard. Parler d’hainamoration permet justement de faire apparaître une continuité entre la haine et l’amour, qui ne se résume pas à une opposition. C’est ce que dit Lacan dans le séminaire XXII » ce que j’ai énoncé comme vérité première, à savoir que l’amour est hainamoration » [12]». D’une certaine façon, cette thèse est soutenue par Freud lui-même quand il écrit Cette forme, ce stade préliminaire de l’amour peut à peine se différencier de la haine dans son comportement à l’égard de l’objet. Ce n’est qu’avec l’instauration de l’organisation génitale que l’amour est devenu l’opposé de la haine [13] ». On peut remarquer que Freud parle ici de forme. Mais de quoi s’agit-il dans cette affaire d’organisation génitale? Il s’agit des identifications secondaires, par exemple au père ou à la mère, dans le cas du choix de genre. Lacan parle ici de normalisation libidinale » confère Le stade du miroir » . C’est la continuation de la formation du moi, l’accumulation des couches identificatoires, toute la vie durant, qui s’effectue sous la contrainte de la détermination sociale. C’est là que l’environnement signifiant, l’entourage, va pousser le sujet à décider,à choisir ce qu’il peut introjecter, c’est-à-dire à considérer comme moi et non-moi, comme dedans et dehors, comme ce à quoi il peut s’identifier ou pas, et comme finalement ce qui lui est ou ce qui lui devient étranger. Ainsi, ce à quoi il peut s’identifier, s’y reconnaître sera aimé; et ce à quoi il ne le peut pas sera haï, et cela ne peut se faire qu’après l’identification primordiale ou narcissique. Il apparaît ainsi que la question de l’aimer et du haïr est intrinsèquement liée à celle de l’identification non pas primordiale, mais de l’identification secondaire, qui est déterminée par un choix du sujet. Ce n’est que dans un second temps que l’hainamoration peut commencer à se différencier en amour et en haine. En effet, en reprenant le stade du miroir, on perçoit que l’enfant a de lui-même une image semblable à celle qu’il a des autres corps hors de lui un corps parmi les autres; une image de semblable qui vient des autres. Le moi se forme ainsi comme image de l’autre, ceci correspond à ce que Freud appelait le narcissisme primaire. Le narcissisme primaire définit ainsi un être tout au dehors, d’emblée livré à l’autre, et assujetti à l’événement. C’est absolument narcissique, et c’est ce que montre la phase du miroir. Le moi se forme à l’extérieur, et non pas par un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, par une projection, mais précisément l’inverse le moi est d’emblée extéroceptif ou il n’est pas ».[14]En effet, c’est l’autre qui fait fonction de miroir. Ainsi, le stade du miroir est aussi le paradigme, par lequel l’observateur nomme dans cette révélation ce qui s’est accompli autrement la naissance du moi. Cette nomination où l’observateur énonce c’est toi » est la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre [15] ». C’est cette nomination qui masque l’aspect purement imaginaire du moi derrière le symbolique. En effet, Freud a employé indifféremment les expressions idéal du moi » et moi idéal ». Il ne les a pas différenciées, bien qu’il ait repéré qu’il y avait bien deux notions différentes. Lacan, en amenant imaginaire, symbolique et réel permet cette différenciation. Le moi idéal en est l’aspect imaginaire, le narcissisme, l’imago; alors que l’idéal du moi en est l’aspect symbolique, donc articulé au signifiant. Ainsi, lorsque l’enfant se reconnaît dans le miroir, il a alors une image de son corps distincte des sensations internes de sa motricité. Il est pris entre la fascination primordiale par son semblable, vision captatrice de la gestalt » du corps de l’autre comme miroir et ses perceptions non visuelles de son corps, là non unifié, dépendant en sa prématurité. Il se produit alors un écart entre l’image, image de l’Autre, du semblable, extéroceptive à laquelle il s’identifie et la représentation de la perception intéroceptive qu’il a de lui-même. Pour le dire autrement, il y a un écart entre l’image et la représentation, entre l’imaginaire et le symbolique qui représente le réel de son corps , c’est-à-dire entre le moi idéal et l’idéal du moi. L’identification est finalement cette opération qui articule l’imaginaire au symbolique, lors de laquelle le moi se forme dans cet alliage de deux consistances, l’une pleine, l’imaginaire et l’autre trouée, le symbolique, ce qui crée un écart, ces deux consistances ne pouvant pas se recouvrir. Cet écart est d’une certaine façon à l’origine de la haine, qui apparaît ici comme une haine du symbolique. Lacan dans le séminaire D’un Autre à l’autre » reprend la question de l’identification, où il se réfère à sa Remarque sur le rapport de Daniel Lagache » dans laquelle il traite des questions de l’identification, du narcissisme et de la formation du moi. Il note une contradiction nette » chez Freud à propos de la libido d’objet et de la libido du ça, dont il dit Ceci nous introduit à reposer toute la question de ce qu’il en est de l’identification [16] ». Il y explique qu’il y a une béance entre vouloir être l’Un dans la champ de l’Autre et l’idéalisation, ce qui confronte le sujet avec les problèmes narcissiques[17]. Il résume ceci dans cette formule c’est de l’impossibilité de faire rentrer sur le plan imaginaire cet objet petit a en conjonction avec l’imagenarcissique[18] ». Je pense aller là dans le sens de ce que Radjou nous a dit lors du dernier séminaire. Ainsi, si on peut penser l’identification en terme d’écart entre imaginaire et symbolique, la question du dedans et du dehors, autrement dit du moi et du non-moi c’est-à-dire du moi et de l’autre, peut s’articuler autrement. C’est-à-dire en termes d’imaginaire et de symbolique et aussi de réel. Pour développer ce point, il y a lieu de reprendre l’amour et la haine dans leurs rapports avec réel, symbolique et imaginaire. Alors, si le premier sentiment est bien l’hainamoration, qu’est-ce qui va venir différencier l’amour de la haine au point où ces sentiments peuvent apparaître comme des opposés? Lors de l’identification le moi se reconnaît comme identique à soi-même », que l’on peut écrire soi m’aime », c’est-à-dire identifier le moi imaginaire à l’idéal du moi symbolique , s’incorporer comme dirait Freud et ainsi se constituer comme moi. Le moi s’intériorise et de ce fait se trouve être symbolisé, est nommé comme moi. S’il ne lui semble pas être identique à soi-même », il est un objet, un autre, un soi-m’aime-pas soi-même-pas », un soit-haï », il reste au dehors, à l’extérieur. Ainsi, il apparaît que l’amour se situe à l’articulation de l’imaginaire et du symbolique. Alors logiquement la haine devrait se situer à l’articulation de l’imaginaire et du réel, ce que nous montrerons tout à l’heure. L’amour et la haine de ce point de vue ne sont pas des opposés, mais au contraire apparaissent comme deux pôles de l’imaginaire entre le réel d’un côté et le symbolique de l’autre. Lacan amène cela dès le séminaire I sur le moi, où entre le réel et le symbolique, se trouve la troisième passion de l’être l’ignorance[19]. Il y aurait lieu d’évoquer, ici, une structure borroméenne, ce que je n’ai pas suffisamment travaillé, et ce serait trop long pour ce soir. Les mécanismes à l’œuvre pour déterminer si on a affaire à l’amour ou la haine sont le plaisir et le déplaisir. Si la vision, la perception de l’objet identificatoire provoque du plaisir, il sera aimé, et, comme lors de la phase orale il sera incorporé et détruit. Si cette vision suscite du déplaisir l’objet sera haï, reconnu comme autre c’est-à-dire comme non-moi ou pas reconnu comme moi, extérieur. Il servira par la haine qui le vise à la conservation du moi. Rappelons simplement que la haine a pour fonction la conservation du moi, cela est manifeste quand Freud met en place la deuxième topique, il substitue la pulsion de vie et la pulsion de mort aux pulsions sexuelles et aux pulsions de conservation du moi. Cela est encore un argument contredisant l’opposition stricte entre pulsion de vie et pulsion de mort et montrant que la haine n’est pas que destruction. Ainsi, c’est le plaisir ou le déplaisir qui vont orienter et donc mettre en place cette différenciation de l’hainamoration entre ses deux pôles d’amour et de haine. Ce qui est cause de plaisir sera aimé et reconnu comme constitutif du moi, sera idéalisé et tout à fait conscient, entièrement dialectisé, significantisé, avec une consistance à la fois imaginaire et symbolique. Alors que ce qui est haï appartient au monde extérieur, n’est pas reconnu comme partie du moi et va connaître le destin de ce qui est cause de déplaisir. C’est dire que cet objet haï est objet de jouissance. En effet, on peut avancer que le déplaisir, dont se soutient Freud tout au long de sa découverte de la psychanalyse et dont il tire la pulsion de mort, correspond globalement à ce que Lacan a nommé jouissance. Ainsi, ce qui est cause de déplaisir, haï est de ce fait objet de la jouissance pour être plus précis est cause de plus-de-jouir, de perte de jouissance qui réclame alors plus de jouissance, plus de jouissance de la haine . La jouissance est à situer dans le réel. C’est-à-dire qu’elle n’est pas soumise à la logique du signifiant, n’est pas subjectivée et donc pas consciente. Dans ce registre du réel la haine est pure jouissance. Ce qui apparaît alors est ceci la haine se forme dans l’imaginaire suivant la phase du miroir à partir de ce premier sentiment d’hainamoration. Ce qui lui donne une consistance imaginaire, qui est précisément la forme sous laquelle elle apparaît au sujet. Dans ce même temps, elle devient un réel, en tant que jouissance, de façon à ce que le sujet ne puisse uniquement l’appréhender qu’en tant qu’élément imaginaire. Cela a pour conséquence importante concernant la clinique de la haine que cet aspect imaginaire peut s’enflammer sans qu’une limite symbolique puisse agir[20]. C’est exactement ce que l’on peut observer actuellement dans le discours public, où domine cet aspect purement imaginaire, et où la réalité se dissout dans l’imaginaire et permet toutes les exagérations tant dans le mensonge pudiquement nommé fake-news que dans les thèses complotistes et les ambiances de lynchage que l’on trouve dans le discours public, et ceci autant dans les réseaux sociaux que dans les discours des hommes et femmes politiques, même ceux qui soutiennent des positions modérées. Aujourd’hui plus personne ne peut tenir un discours politique qui ne fait pas d’une façon ou d’une autre allusion à l’immigration, aux étrangers, c’est-à-dire pour le moins référence à la haine. Tous les meurtres de masses et génocides ont été préparés par de tels discours. Ainsi, cet imaginaire de la haine vient masquer ce qu’il en est de la haine en tant que réel. Comme illustration, prenons l’exemple de ces discours ce qu’ils viennent dire, c’est que ces étrangers, ces autres ne sont pas humains, ce sont des parasites, des cloportes, des choses, de façon à les désidentifier d’une figure à laquelle on puisse s’identifier, un semblable. Cette désubjectivation est en fait une dé-métaphorisation qui projette ces autres dans le réel comme chose, comme ding ». Rappelons que l’identification est un mécanisme qui allie l’imaginaire au symbolique. Donc, la question se pose de comment introduire du symbolique dans la haine? Robert Lévy a apporté un outil très important avec ce qu’il a appelé l’identification idéale collective », comme étant une possibilité de métaphorisation, c’est-à-dire de symbolisation du réel. Ainsi, nous avons affaire à ce qui concerne la nature de réel de la haine en tant que jouissance, c’est-à-dire la difficulté à la reconnaître, en particulier à la reconnaître comme partie intégrante et constitutive du moi. C’est une des plus grandes difficultés et résistances lors des cures pour un sujet d’arriver à se reconnaître dans sa jouissance. N’est-ce pas là le troisième pied de la passion, celle dont Lacan dit qu’elle est majeure, la passion de l’ignorance? Celle qui se caractérise par l’absence d’imaginaire. Celle qui permet de ne pas se connaître, équivalent à ne pas se reconnaître dans l’Autre. Dans cette logique qui consiste, en partant de l’idée qu’il n’y a qu’une seule pulsion et non deux pulsions qui s’opposent, à aboutir à une structure moebienne des pulsions et par conséquent à cette même structure moebienne de l’amour et de la haine, nous en sommes arrivés à réduire ce qui semblait toujours apparaître comme des oppositions, à ce qui sont des formes de continuité régies par la logique moebienne. Lacan définit d’une façon intéressante cette affaire dans le séminaire XVIII D’un discours qui ne serait pas du semblant » Le discours du Maître n’est pas l’envers de la psychanalyse, il est où se démontre la torsion propre, dirais-je, du discours de la psychanalyse ce qui fait que ce discours fait poser la question d’un endroit et d’un envers, puisque vous savez l’importance de l’accent qui est mis dans la théorie, dès son émission par Freud, l’importance de l’accent qui est mis sur la double inscription. Or ce qu’il s’agissait de vous faire toucher du doigt, c’est la possibilité d’une inscription double à l’endroit, à l’enverssans qu’ait à être franchi un la structure dès longtemps bien connue dont je n’ai eu qu’à faire usage dite de la bande de Moebius [21]». Cette citation, un peu longue, met en évidence deux éléments concernant mon propos. Tout d’abord, ce qui n’est autre que ce que j’ai avancé aujourd’hui, à savoir la structure moebienne proprement dite où l’endroit et l’envers, comme le dedans et le dehors et par conséquent le moi et l’autre ne sont pas des opposés mais ce que j’ai appelé une forme de continuité dans le sens où ils ne sont pas séparés par un bord, une forme de continuité sans franchissement. Et le second concerne cette torsion moebienne dont Lacan dit qu’elle est le propre du discours analytique. Si cette structure moebienne est le propre du discours de la psychanalyse, ce que j’ai tenté de montrer ici, comment penser ce que Freud a toujours soutenu, à savoir l’opposition des pulsions, comme de l’aimer et du haïr? De la même façon, Freud a construit toute sa théorie à partir d’une logique d’oppositions; cela dès Les études sur l’hystérie » en 1895, où il met en place le conflit psychique. Tout d’abord par l’opposition entre conscient et inconscient à partir du refoulement. Nous y trouvons le refoulé et le non-refoulé qui répond à ce processus binaire du plaisir/déplaisir. Mais ça ne marche pas, il remarque qu’il y a du plaisir dans le déplaisir. Pour en rendre compte, il lui est nécessaire de recourir à la perversion. Il invoque le masochisme, qu’il étend à toute la vie psychique, avec cette question où il s’agit de savoir si le masochisme est primaire ou si c’est le sadisme qui se retourne sur le moi, thèse qu’il retiendra dans un premier temps. Ce n’est qu’en découvrant la pulsion de mort qu’il soutiendra que le masochisme est primaire et que le retournement du sadisme sur le moi est une forme secondaire du masochisme. Sadisme et masochisme s’opposent, tout en n’étant pas ni complètement différent, ni symétrique l’un de l’autre. Cela ne va pas sans rappeler la question de la primauté de la même, pour comprendre la question de la pulsion, il lui faut aussi une opposition entre deux pulsions ou groupes de pulsions tout d’abord celle entre les pulsions libidinales et les pulsions du moi ou de conservation du moi; puis entre celles de vie et de mort. Mais lorsque Freud invente la pulsion de mort dans Au delà du principe de plaisir », il insiste particulièrement sur le fait qu’une chose et son contraire sont les mêmes du point de vue de l’inconscient; ainsi, les opposés ne sont pas antinomiques mais ont plutôt un rapport en miroir au sens où Lacan l’amène dans le stade du miroir; ce qui introduit donc à la structure moebienne. Or, pour conceptualiser l’inconscient, ce que Lacan appellerait le discours de la psychanalyse, Freud est toujours amené à décrire des structures triangulaires inconscient, préconscient et conscient, le complexe d’Oedipe, le moi, le ça et le surmoi. Ceci, à mon sens, est pour rendre compte de la structure langagière de l’inconscient, c’est-à-dire ordonnée par le signifiant et la métaphore. Lacan, quant à lui n’a jamais eu besoin de recourir à ce type d’opposition, au contraire, il s’est plutôt employé à en montrer la dissymétrie. Pourquoi Lacan n’a pas eu recours à cette logique binaire d’opposition qui est finalement la plus commune mais qui n’est pas celle ressortissant à l’inconscient? Je pense que, probablement, c’est parce qu’il ouvre cette question d’opposition à une autre dimension qui est celle de la division du sujet, qui elle ne peut pas être réduite à une simple opposition. La division subjective n’est pas une symétrie dans le sens de l’opposition de contraires, mais plutôt un hiatus irrémédiable entre au moins deux positions du sujet s’exerçant dans des champs différents. En effet, très vite, Lacan va développer la question de la division du sujet, qui sera noté $, introduit pour la première fois dans le graphe lors du séminaire Les formations de l’inconscient » en 1957. Pour lui, il ne s’agit pas d’un conflit intra-psychique ou de deux pulsions contraires, mais de l’effet du signifiant sur un sujet dès l’entrée dans le langage. Lacan n’a pas besoin de métaphoriser ou de mythifier? cette division par la mise en évidence des oppositions. Il va de soi que cela se produit et que les apparents contraires ressortissent à des occurrences différentes du signifiant. Si Freud ne peut se passer du concept de deux pulsions opposées et son corollaire de l’opposition de la haine et de l’amour, où la haine serait antérieure à l’amour, c’est, me semble-t-il, par une théorisation insuffisante de la question du clivage et donc de la division subjective. Pourtant, dès Les études sur l’hystérie » il met en évidence le clivage. C’est une question qu’il ne va commencer à approfondir qu’à la toute fin de sa théorisation avec ce texte qu’il n’a pas eu le temps d’achever sur le clivage du moi[22]. En effet, tenter d’articuler les manifestations de la division subjective avec la question du moi ne peut pas se faire autrement qu’en mettant en place des oppositions comme le dedans et le dehors, le moi et l’autre etc. Ce n’est qu’en intégrant pleinement le fait que la division s’effectue au niveau du langage, c’est-à-dire en deçà du sujet, qu’elle pré-existe au sujet tout en le déterminant, que l’on peut se passer d’en rendre compte, voire de la métaphoriser sous la forme d’une opposition comme celle des pulsions ou du dedans et du dehors. Pour illustrer ceci, prenons un exemple extrêmement simple en clinique, quand un sujet énonce une contradiction ou une opposition interne à son psychisme, je ne me pose pas la question en terme d’opposition ou de contradiction qu’il s’agirait de faire reconnaître comme telle au sujet, mais en terme de division du sujet en regard du signifiant, afin qu’au décours de la cure le sujet puisse se reconnaître comme divisé. Par exemple, quand un sujet s’interroge pour décider d’aller dans le sens de son désir, pour autant qu’il puisse en savoir quelque chose, ou d’aller vers une norme sociale, c’est-à-dire d’obéir à une injonction du surmoi qui peut lui apparaître comme venant de l’Autre, je ne pense pas ce qu’il se passe en tant que conflit, semblant se produire entre le moi et l’Autre, dont la résolution a pu être théorisée par un renforcement du moi, mais en tant que choix du sujet. C’est ce qu’en disent nos patients J’ai à faire un choix », on est ainsi au plus près du dire du sujet. Ceci est une évolution de la théorie et de la pratique analytiques consécutive à ce que Lacan a transmis quant à cette question de la division subjective. Lacan n’a jamais évoqué la structure moebienne de l’amour et de la haine, sauf une seule fois dans L’étourdit ». Je ne pense pas que Lacan, dans l’ensemble de ses écrits et séminaires ait pu contredire cette thèse de la structure moebienne de l’amour et la haine. Il y met toutefois deux réserves le lien avec l’ambivalence d’une part, et d’autre part ce fait que l’amour et la haine ont deux supports différents. J’ai déjà abordé la relation à l’ambivalence que je vais approfondir. Il a donc écrit dans L’étourdit » que L’amour-haine, c’est ce dont un psychanalyste même non lacanien ne reconnaît à juste titre que l’ambivalence, soit la face unique de la bande de Moebius, – avec cette conséquence, liée au comique qui lui est propre, que dans sa vie » de groupe, il n’en dénomme jamais que la haine [23]». Il note là deux problèmes ne pas différencier l’amour de la haine, ce qui me semble fondamental à faire, et la confusion déjà évoquée, où pudiquement l’emploi dans ce sens du terme d’ambivalence désigne la haine qui transparait dans l’amour, comme si elle ne lui était pas consubstantielle. C’est ce qu’il dit dans le séminaire Encore » quand il introduit cette notion nouvelle de l’hainamoration Si l’hainamoration, justement, elle la psychanalyse avait su l’appeler d’un autre terme que de celui, bâtard, de l’ambivalence, peut-être aurait-elle mieux réussi à réveiller le contexte de l’époque où elle s’insère [24]». Il l’énonçait déjà explicitement à propos du transfert en 1968 ambivalence pour user du mot dont la bonne éducation psychanalytique désigne la haine [25]». Or, dans le transfert, en particulier dans le transfert négatif, c’est d’une véritable haine dont il s’agit. D’ailleurs, cette haine n’est pas l’apanage de l’analysant. Ce que montre bien Luis Eduardo Prado De Oliveira dans son livre La haine en psychanalyse [26] ». On peut ainsi aller jusqu’à poser la question de savoir si la pratique de certains analystes, et non des moindres, avec certains de leurs analysants, n’a pas été de développer l’hainamoration de transfert du côté de la haine. Je pense à Freud qui a pris sur son divan sa propre fille Anna, à Lacan qui a eu des relations sexuelles avec son analysante Catherine Millot et à la relation de Donald Winnicott avec son analysant Masud Khan. Peut être ces analystes étaient-ils suffisamment forts ou suffisamment bons? pour s’arranger avec leur jouissance, mais leurs analysants? A l’évidence le concept d’ambivalence ne convient pas pour ces exemples extrêmes, contrairement à celui d’hainamoration. Quant à la question de différencier l’amour de la haine, cela sera ce qui conclura mon propos de ce soir. Voici le point où j’en suis, pour l’instant, dans ma conception de l’hainamoration, de l’amour et de la haine. Au commencement était un seul sentiment l’hainamoration, produit par ce qui est la première relation à l’objet l’identification, identification primordiale. Cette première relation est au départ image, c’est-à-dire sans représentation, c’est l’image de l’autre telle que la voit tout nouveau-né, comme tout animal qui peut voir ou reconnaître sa mère devant sa première perception visuelle. Chez le petit d’homme, soumis au langage, il lui faut une représentation, c’est-à-dire subjectiver cette image. C’est l’identification primordiale qui s’effectue dans les trois registres imaginaire, symbolique et réel. Cette identification a comme premier effet de produire ce premier sentiment d’hainamoration qui se décline aussi dans les trois registres. Dans l’imaginaire nous trouverons le moi[27], dans le symbolique avec l’idéal du moi cela sera l’amour et dans le réel la haine et sa jouissance. Alors, il me semble que de vouloir combattre la haine est se tromper d’objet, la haine n’est pas un problème, quelque chose qu’il faudrait éradiquer, que ce soit dans le monde social ou, et c’est là que nous avons quelque chose à en dire, dans le transfert. Ce qui fait problème, comme l’indique finalement très justement le thème de cette année, c’est l’au-delà de la haine, c’est la jouissance qui peut se manifester comme dans les exemples célèbres plus tôt évoqués, par un passage à l’acte. Ce n’est pas la haine qui passe à l’acte mais la jouissance. Philippe Woloszko. Paris, le 5 décembre 2018. [1]Le texte de cet exposé est consultable sur le site d’analyse freudienne. [2]S. Freud. Analyse de la phobie d’un garçon de cinq ans. IX. P123. [3]Paul-Laurent Hassoun, dans La haine la jouissance et la loi. sous la dir. de Hassoun et M. Zafiropoulos. Psychanalyse et pratiques sociales. Anthropos. 1995. Il remarque que le mot allemand, ici traduit par relais » et qu’il traduit par résolution, est Ablösung, qui note-t-il contient à la fois l’idée de dissolution » Lösung, d’ amortissement » d’une hypothèque! et de transmission par laquelle quelqu’un vient à assumer l’activité de quelqu’un d’autre tout cela est contenu dans le passage » de l’amour à la haine. [4]S. Freud. Le moi et le ça. XVI. P286. [5]Freud. Psychologie collective et analyse du moi. In Essais de psychanalyse. Petite Bibliothèque Payot. Paris. 1968. P 126. [6] L’identification narcissique est la plus originelle ». Deuil et mélancolie. XIII. P271. [7]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. T XIII. 1988. P184. [8]J. Lacan. Séminaire XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Version Valas. P281. [9]Lacan parle de transformation du sujet lorsqu’il s’assume comme image, dans Le stade du miroir. [10]Psychologie collective et analyse du moi. Op. Cit. P127. [11]Ibid. [12]J. Lacan. Séminaire XXII. Version Valas. P 188. [13]S. Freud. Pulsions et destins de pulsions. Op. Cité. P 184-5. [14]Philippe Julien. Pour lire Jacques Lacan. Le retour à Freud. 1990. P45. [15]Il y suffit de comprendre le stade du miroir comme une identification au sens plein que l’analyse donne à ce terme à savoir la transformation produite chez le sujet, quand il assume une image imago. .. la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu’il ne s’objective dans la dialectique de l’identification à l’autre et que le langage ne lui restitue dans l’universel sa fonction de sujet. Cette forme serait plutôt au reste à désigner comme je-idéal Ideal Ich de Freud si nous voulions la faire rentrer dans un registre connu, en ce sens qu’elle sera aussi la souche des identifications secondaires, dont nous reconnaissons sous ce terme les fonctions de normalisation libidinale. J. Lacan. Le stade du miroir. Dans Écrits. P94. [16]J. Lacan. Séminaire XVI. D’un Autre à l’autre. Version [17]Ibid. [18]Ibid. P 338. [19] Séminaire I. Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Version Valas. P 742. Ainsi se créent à la jonction du symbolique et de l’imaginaire la passion ou la cassure, si vous voulez, ou la ligne d’arête qui s’appelle l’amour, à la jonction de l’imaginaire et du réel, celle qui s’appelle la haine, et à la jonction du réel et du symbolique, celle qui s’appelle l’ignorance ». [20]En fait, cette inflation imaginaire repose sur la logique du plus-de-jouir qui cherchant à récupérer de la jouissance ne fait qu’augmenter la perte de jouissance et induit un mécanisme entropique avec de plus en plus de jouissance pour compenser cette perte qui ne fait que s’amplifier. [21]J. Lacan. Séminaire XVIII. D’un discours qui ne serait pas du semblant. Version Valas. P4. [22] S. Freud. Le clivage du moi et les mécanismes de défense. [23] L’ÉTOURDIT. In pas tout Lacan. Texte du 14 juillet 1972. P1438. [24]J. Lacan; Séminaire XX. Version Valas. P192. [25]J. Lacan. Introduction de Silicet au titre de la revue de l’école freudienne de Paris. In Pas tout Lacan. P1182. Janvier 1968. [26]Luis Eduardo Prado De Oliveira. La haine en psychanalyse. Liber. Montréal. 2018. [27]N’est-ce pas le moi dans sa fonction de méconnaissance? Alors, on pourrait dire que dans l’imaginaire on y trouve l’ignorance. Cela permet de penser l’hainamoration comme amour et haine et ignorance. Cela pourra être une autre discussion. Si l’amour rend aveugle comme on dit, il en est de même pour la haine, cette cécité n’est-elle pas plutôt de l’ignorance? SHARE IT
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